mardi 30 septembre 2014

HALTE A LA REPRESSION POLITIQUE CONTRE LIBERTAT !

  Depuis plus de trois mois les militants de Libertat ! font face à une offensive policière et judiciaire sans précédent. Durant la soirée de la fête de la musique, le 21 juin, organisée à la Tor deu Borrèu, au Hédas, à Pau par Libertat ! et les sympathisants du lieu, la police est intervenue avec une violence démesurée. Tout porte à croire que cette action était préméditée et recherchée par les forces de l'ordre. Après cet événement trois militants ont été convoqués plusieurs fois au commissariat, concernant des supposés manquements aux lois régissant les débits de boisson et le tapage nocturne (lors de la fête de la musique), mais également par rapport à un tract diffusé lors de la manifestation en soutien aux Calandretas et plus particulièrement à celle d'Artics (Béarn). Suite à cela un militant passera en procès le 17 octobre 2014 au tribunal de police de Pau à 8h45.

Nous avons donc là deux affaires apparemment distinctes mais en y regardant de plus près et en replaçant les affaires dans leur contexte nous arrivons bien à une seule et même affaire politique.

  Revenons un peu en arrière : le préfet des Pyrénées Atlantiques, Monsieur Pierre-André Durand, a ordonné au mois de janvier/février une action visant à déloger la Calandreta (école immersive en occitan) d'Artics en Béarn. Face à cette énième et inique attaque contre notre langue et notre culture, Libertat ! avait décidé de participer à la manifestation. La situation de notre langue est catastrophique, et en général la situation du service public est de pire en pire. Fermer une école est un acte gravissime et révoltant, face à cela nous ne pouvions que réagir à la hauteur de l'attaque. C'est bien parce que fermer une école est une véritable saloperie, que nous avons mis en titre de notre tract « Préfet salaud ». Un salaud, c'est un « homme méprisable, qui agit de manière déloyale » nous laissons à nos lecteurs le soin de voir si le mot était approprié à la personne dans ce cas donné. L'histoire aurait pu s'arrêter là, le préfet aurait pu se rendre compte de l'énormité qu'il commettait, certes au nom de la loi, et donc faire amende honorable, mais bien entendu le repenti n'est pas inscrit dans les gènes du pouvoir républicain.
Continuons, le 21 juin, la Tor deu Borrèu, bar associatif de Libertat ! à Pau organisait le traditionnel concert de la fête de la musique. Tout se déroulait à merveille dans une ambiance populaire, festive, hétéroclite musicalement (poésie, slam, rock, rap, funk) et osons le dire « bon enfant » jusqu'à l'arrivée de la maréchaussée. Une fois n'est pas coutume, la police par son incroyable gestion de l'ordre public, a réussi par ses agissements à transformer un concert en zone de guerre. Le niveau de violence employé, pour faire stopper un concert lors de la fête de la musique ne peut que poser des questions sur le rôle des forces de l'ordre, si ce n'est faire peur, choquer et générer un sacré désordre. Les forces de l'ordre, clairement, pensaient gazer le bon peuple docile, c'était sans compter l'effet papillon, les insultes, les coups, les tirs de flash-ball et un gazage intempestif a entraîné un haut niveau de résistance de la part des hestaires (fêtards) : l'autodéfense populaire. L’incompréhension d'une telle attaque, lors d'un événement festif, additionné à un ras-le-bol général de cette société oppressive, a mis le feu aux poudres.

Ce 21 juin, est clairement une victoire du peuple face à la perdition d'un pouvoir qui le nie et le méprise. Le manquement à l'autorité est plutôt difficile à digérer pour un dispositif qui ne fonctionne que sur le respect de son autorité. Le respect est une chose qui se mérite, quand on lui retire toute la machine s'enraye.
Bien entendu, l'étonnement et la rage passés, nous nous sommes interrogés sur les motifs d'un tel acte barbare (oui c'est de la barbarie d'insulter, envoyer des flash-balls et gazer des enfants, des vieux, des jeunes, des voisins qui n'ont rien commis de répréhensible, si ce n'est de faire la fête ou de vivre dans ce quartier). Après une enquête faîte par nos soins, il est clairement ressorti que tout cela était recherché et même prémédité. Avoir sous la main aussi rapidement des fourgons de CRS en nombre, avec des renforts en veux-tu en voilà, genre invasion de la Pologne, lors d'une fête de la musique ne peut que laisser songeur. Certes cela ne pourrait que rester des fantasmes de gauchistes pré-pubères, mais nous avons eu la confirmation par des gens du quartier et également par un proche d'une personne travaillant à la préfecture, que l'attaque était bien préméditée. En effet une demi-heure avant l'agression, cette personne a été prévenue par un proche que « çà allait gazer à la Tor » et qu'il valait mieux s'éloigner du lieu.
Alors vengeance du Préfet ? Nous le pensons clairement. Touché dans son ego de haut fonctionnaire et les autorités, peut être, se sont dit tout simplement que c'était l'occasion de mettre à bas cette organisation et leur lieu populaire. En effet la Tor deu Borrèu (Tour du Bourreau) en centre ville dérange : 22 ans d'animations, d’échanges, de rencontres culturelles, sociales, politiques, mais aussi lieu de débats, d'informations, de discutions, de défense de la langue occitane, et accueillant tout type de public sans discrimination ; lieu de solidarité aux luttes locales (axe E7 Pau-Oloron, mobilisations anti-fascistes, université de la défense, etc) et internationales (paysans du Brésil, du Guatemala, aragonnais, kurdes, palestiniens, du résistant communiste libanais Georges Abdallah, prisonniers politiques basques, catalans...).

  A la suite des festivités gazeuses, deux personnes présentes ont été arrêtées et ont écopé de prison ferme (8 et 10 mois!), et deux jeunes étudiants ont pris du sursis, basse vengeance de la justice.
Puis un camarade a été convoqué au commissariat pour des motifs d'ordre public, bien sûr, vous pouvez voir le ridicule des 4 plaintes, qui nous amène au tribunal :

- Tapage nocturne relevé à 2h10 (le soir de la fête de la musique et avant le vacarme policier!!)
- Débit de boisson en extérieur. (alors que c'était une table de grillade, mais pas d'alcool)
- Bar ouvert à 2h10. (sachant qu'à 2h08 ils ont gazé, on se demande vraiment qui a pu commander à boire dans une ambiance pour les moins « piquantes » !).
- Vente d'alcool à personne en état d'ébriété. 

  Puis, quelques temps après cette 1ère convocation, deux autres camarades ont été convoqués, mais cette fois-ci, au sujet de
« l'homme méprisable qui agit de manière déloyale » : il avait aussi déposé une plainte, cette affaire est d'ores et déjà dans les mains du procureur et nous attendons de savoir si nous serons traduits en justice. Ce mot « salaud » peut nous amener à passer devant le Tribunal de Grande Instance, à avoir un casier judiciaire et une lourde amende. Les seigneurs de cette République sont bien susceptibles et bien protégés !... En tout cas, la policière en charge de l'affaire nous a bien signalé, ou plutôt menacé, qu'il faudra « nous tenir à carreau ! »

Mais quel est donc le but de tout cela si ce n'est constituer un dossier judiciaire pour arriver à dissoudre nos associations et faire fermer notre local associatif, empêchant donc la vie de notre mouvement Libertat !

  Nous avons là affaire à une attaque politique contre notre organisation qui ne vise qu'à nous faire taire ! Où est donc leur démocratie chérie ? Tout découle de notre prise de position face à la fermeture de nos écoles.
  Nous tenons, tout de même, à replacer tout cela à sa juste place, avoir affaire avec le pouvoir judiciaire quand on est révolutionnaire, est une chose sommes toute logique. Ce n'est rien comparé à ce qu’endurent les classes populaires avec la crise générale du capitalisme. Nous sommes gouvernés par des politiques incompétents et corrompus qui ne pensent qu'a garder leur cul au chaud. Ils ruinent nos vies et par conséquent nous les méprisons. Ne le méritent-t-il pas ?
Ces procès n'entacheront en rien notre esprit de résistance et osons le dire, nous renforce dans nos convictions. L'adversité n'est-il pas le meilleur des ciments ? Leurs petites magouilles politico- judiciaires nous démontrent simplement que nous sommes un minimum conséquents.
Nous ne sommes pas naïfs, nous savons que l’État n'est pas neutre, qu'il est toujours l'instrument de la classe qui domine la société. Aujourd'hui, ce sont les capitalistes qui dominent et donc tout l'appareil étatique qui se conforme à leur vision du monde. La justice, qui n'est en fait que le pouvoir judiciaire de cette classe, n'est donc pas neutre. Sinon comment pourrait-on voir quasiment TOUS les politiques avec des affaires jusqu'au cou, continuer à nous gouverner en toute liberté. Il n'y a de justice que pour les riches.
Le Préfet fait partie de toute cette vieille machinerie de contrôle des populations. C'est le dictateur Napoléon qui a créé cette fonction, son but était d'être les yeux, les oreilles et les poings du pouvoir central dans les départements, lors de la pacification post-révolutionnaire. Cela n'a pas changé d'un iota depuis. Il est nommé par le gouvernement et n'a à répondre que devant lui. Nous avons là une fonction complètement antidémocratique qui démontre bien ce qu'est, et a toujours été la République française. Le Préfet, dans les nations périphériques dont l’Occitanie, complète sa panoplie d'une fonction néo-coloniale en continuant à réprimer nos langues et cultures. La Calandreta d'Artics n'est malheureusement pas l'exception, les Ikastola (écoles basques) aussi sont touchées par cette politique de destruction culturelle et sociale, comme les écoles Diwan en Bretagne.

Face à cette répression nous appelons tout(e)s les révolutionnaires et plus largement toutes personnes progressistes et conséquentes à soutenir les camarades de Libertat ! moralement et matériellement. Et oui, nous avons déjà 1200 euros de frais d'avocat, seulement pour la première affaire, sans être encore passés au tribunal...

Face à cela un comité de soutien et de solidarité a été créé par des militants et sympathisants.
Nous vous appelons d'ores et déjà à nous soutenir moralement et financièrement.

comitatdesostien@gmail,com


Halte a la répression politique contre libertat !
Libertat tà la Tor !
Vive notre juste lutte, vive la solidarité !
Socialisme e Libertat !
Vive l'Occitanie libre !

Tous devant le tribunal le 17 octobre 2014 à 8h45

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